Compte rendu détaillé du débat "La villa numeris x ESSEC Metalab"

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Mathias Blandin
Admin
le 10/07/2024

Compte rendu détaillé du débat "La villa numeris x ESSEC Metalab"

Le débat organisé par La villa numeris et l'ESSEC Metalab s'est tenu le 5 juin 2024, marquant la première pierre des travaux sur le thème de "l'IA en Europe". David Lacombled a ouvert la session en soulignant l'importance de ce partenariat renforcé, destiné à diffuser la culture de l'intelligence artificielle (IA) au sein des entreprises et à utiliser cette technologie comme un instrument de soft power pour promouvoir les valeurs, les langues et la culture européenne. Ce débat a fait l’objet d’une synthèse publique par une rédactrice qui y assistait et d’une transcription intégrale, sur la base d’un enregistrement audio, par une solution d’intelligence artificielle. Ce compte rendu a été en partie généré à l'aide d'une IA.

Introduction par David Lacombled

David Lacombled a exprimé son enthousiasme pour ce partenariat, soulignant qu'il repose sur des valeurs communes et une relation ancienne. Il a évoqué les ambitions du projet, notamment la création d'une véritable école de pensée en matière d'IA au niveau européen. Lacombled a présenté Judith Andrès, coach, avocate, directrice d'une chaire à l'ESSEC et membre du conseil d'administration de La villa numeris, ainsi qu'Abdelmounaim Derraz, directeur exécutif du Metalab. Ces deux personnalités ont ensuite partagé leur vision du partenariat.

Lacombled a détaillé la mission du partenariat qui consiste à diffuser la culture de l'IA non seulement au sein des entreprises mais également à l'échelle mondiale. Cette diffusion est vue comme un moyen de soft power pour promouvoir les valeurs européennes. Il a souligné l'importance du leadership des dirigeants d'entreprises dans l'adoption de l'IA et l'engagement des collaborateurs. Selon lui, il est crucial de poser les bases solides dès maintenant pour créer un cadre qui permettra à l'Europe de se positionner comme un leader dans le domaine de l'IA.

Intervention de Judith Andrès

Judith Andrès a exprimé son enthousiasme pour le partenariat, mettant en avant l'importance de prendre le temps d'approfondir les sujets avant de prendre des décisions et de collaborer transversalement. Elle a souligné la nécessité de mêler la vision académique et la robustesse des concepts avec les défis opérationnels concrets rencontrés par les dirigeants d'entreprises. Pour elle, ce partenariat est une opportunité d'allier l'académique à l'application pratique, renforçant ainsi l'excellence, l'exigence et l'éthique.

Elle a également insisté sur la nécessité d'unir les forces entre le monde de la recherche et celui de la pratique, notamment à travers les chaires et les partenariats avec les entreprises. Andrès a rappelé que l'ESSEC a toujours mis l'humain au centre de ses préoccupations, bien avant que cela ne devienne une urgence. Les valeurs d'excellence et d'éthique sont également des piliers stratégiques de l'école.

Intervention d' Abdelmounaim Derraz

Abdelmounaim Derraz a présenté le Metalab de l'ESSEC, un centre d'expertise dédié aux impacts des technologies, notamment de la donnée et de l'IA, sur la société. Il a détaillé les trois axes principaux du Metalab : l'éducation, la recherche et le débat public. Derraz a insisté sur l'importance de préparer les étudiants à maîtriser ces technologies et de promouvoir un débat public éclairé sur leur usage et leur acceptabilité.

Abdelmounaim Derraz a expliqué que le Metalab se distingue par son approche transdisciplinaire, réunissant des experts en droit, en économie, en sciences sociales et en technologies. Cette approche permet de mieux comprendre et anticiper les impacts de l'IA sur les entreprises et la société. Le centre vise à créer un dialogue entre ces disciplines pour enrichir la recherche et les débats publics.

Présentation de Marion Carré

Marion Carré, fondatrice d'Ask Mona, a présenté son livre "Qui a voulu effacer Alice Recoque ?", mettant en lumière le parcours d'une pionnière française de l'informatique. Carré a souligné l'importance de redécouvrir et de mettre en avant les contributions des femmes dans la tech pour inspirer les nouvelles générations. Elle a également abordé les enjeux de la souveraineté numérique et l'importance de préserver et promouvoir l'innovation française.

Carré a partagé les raisons qui l'ont poussée à écrire ce livre, expliquant qu'elle souhaitait découvrir s'il y avait des pionnières dans le domaine de l'IA et pourquoi elles étaient souvent oubliées. Elle a découvert Alice Recoque, une figure clé de l'informatique française des années 50, qui a anticipé de nombreuses évolutions technologiques. Carré a souligné l'importance de faire connaître ces figures pour encourager plus de femmes à s'engager dans le domaine de la technologie.

Discussion avec Guillaume Leboucher

Guillaume Leboucher, directeur Data IA de Docapost, a discuté des évolutions de l'IA générative, soulignant le passage d'une IA prédictive à une IA capable de générer du contenu. Il a évoqué l'importance des modèles de langue plus sectoriels et la nécessité de démocratiser l'IA pour qu'elle soit accessible à tous, même aux stagiaires. Leboucher a également abordé les enjeux de souveraineté et de compétitivité pour l'Europe dans le domaine de l'IA.

Leboucher a mis en lumière le changement radical apporté par l'IA générative, qui ne se contente plus de prédire des actions mais génère désormais du contenu. Il a mentionné l'exemple de Docapost, où ils ont développé une application pour synthétiser les rapports médicaux des patients hospitalisés, utilisant des technologies développées par des ingénieurs français. Il a insisté sur le fait que l'IA générative est désormais accessible à tous, permettant à n'importe qui de se former et d'utiliser ces outils.

Leboucher a également souligné que les investissements colossaux réalisés par des géants comme Amazon, Google et Microsoft, qui ont investi environ 144 milliards de dollars dans le data, l'IA et le cloud pendant la période du Covid, illustrent l'ampleur des ressources nécessaires pour rester compétitif. Il a comparé ces chiffres aux efforts européens, soulignant le besoin urgent d'augmenter les fonds alloués à l'IA en Europe. Il a mentionné le plan Villani comme un pas dans la bonne direction mais insuffisant face aux investissements massifs des autres continents.

Points de vue sur les investissements en IA

Le débat a également porté sur les investissements nécessaires pour que l'Europe reste compétitive dans le domaine de l'IA. Les participants ont discuté des annonces du président de la République française sur la formation de 100 000 experts IA par an et la création de fonds d'investissement, soulignant que ces initiatives sont cruciales mais qu'il reste beaucoup à faire pour rivaliser avec les États-Unis, la Chine et l'Inde.

Leboucher a comparé les investissements colossaux réalisés par des géants comme Amazon, Google et Microsoft avec les efforts européens, soulignant le besoin urgent d'augmenter les fonds alloués à l'IA en Europe. Il a mentionné le plan Villani comme un pas dans la bonne direction mais insuffisant face aux investissements massifs des autres continents.

Intervention de Jean-Frédéric Farny

Jean-Frédéric Farny, directeur général d'Aday, a parlé de la réalité de l'IA en Europe et de l'importance de l'entraînement des modèles d'IA avec des données de qualité. Il a souligné que la langue française est sous-représentée dans les datasets actuels, ce qui pose des défis pour la préservation du patrimoine linguistique et culturel européen.

Farny a expliqué que la plupart des modèles d'IA sont entraînés sur des bases de données principalement en anglais, comme Common Crawl. Il a souligné l'importance de créer des registres de contenus vérifiés et de qualité pour permettre un entraînement plus précis et fiable des modèles d'IA. Il a également mis en avant l'importance de l'authenticité et de la traçabilité des contenus pour renforcer la confiance du public.

Farny a révélé que Common Crawl, une fondation américaine, collecte 250 milliards de pages web, constituant le plus grand gisement de données utilisées pour entraîner des modèles d'IA comme GPT-3 et GPT-4. Cependant, seulement 4 % de ces contenus sont en français, et seulement 3 % de ces contenus proviennent de médias, ce qui souligne le déficit de données francophones dans les modèles actuels.

Conclusion et perspectives

Le débat s'est conclu sur une note optimiste, avec un accent sur l'importance de la collaboration et de la formation pour maîtriser et tirer parti des technologies de l'IA. Les participants ont convenu que la création de métriques robustes et la mise en place de nouvelles formes de gouvernance sont essentielles pour gérer les défis posés par l'IA. Ils ont également souligné l'importance de cultiver des moments de déconnexion pour favoriser la réflexion et l'innovation.

Lacombled a rappelé que la confiance dans l'IA se gagne et que la responsabilité doit être mesurée. Il a insisté sur la nécessité d'investir dans la recherche et de soutenir les start-ups innovantes pour maintenir la compétitivité de l'Europe. Enfin, il a évoqué les enjeux environnementaux liés à l'IA, soulignant que la technologie doit être utilisée de manière responsable pour minimiser son impact écologique.

Aspects stratégiques et enjeux du débat

Le débat a mis en lumière plusieurs aspects stratégiques et enjeux fondamentaux liés à l'IA en Europe :

  1. Diffusion de la culture de l'IA : La nécessité de promouvoir l'IA au sein des entreprises et à l'échelle mondiale pour renforcer le leadership européen.
  2. Collaboration académique et pratique : L'importance d'unir les forces entre le monde académique et les entreprises pour une application pratique de l'IA.
  3. Souveraineté numérique : Les défis de la sous-représentation des langues européennes dans les datasets et la nécessité de préserver le patrimoine culturel.
  4. Investissements et compétitivité : L'urgence d'augmenter les investissements en IA pour rivaliser avec les géants mondiaux et soutenir les talents européens. Les 144 milliards de dollars investis par Amazon, Google et Microsoft illustrent l'ampleur des ressources nécessaires.
  5. Authenticité et traçabilité : L'importance de créer des registres de contenus vérifiés pour renforcer la confiance du public.
  6. Gouvernance et réglementation : La nécessité de nouvelles métriques et de gouvernance pour gérer l'adoption et l'usage de l'IA sans perdre en compétitivité.
  7. Impact environnemental : L'enjeu de minimiser l'empreinte écologique de l'IA tout en maximisant ses bénéfices sociétaux.

Ce compte rendu détaillé reflète les discussions et perspectives partagées lors de ce débat, mettant en lumière les ambitions et les défis liés à l'intégration de l'IA en Europe. Les participants ont souligné la nécessité d'une collaboration accrue, d'investissements significatifs et d'une gouvernance responsable pour réaliser le plein potentiel de l'IA tout en respectant les valeurs et les enjeux européens.

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